dimanche 2 février 2014

To Rome with love






 Dans le petit monde merveilleux des cinéphiles se trame depuis plus de trente ans une inépuisable joute entre deux clans belliqueux : les anti-Woody Allen et les pro-Woody Allen.
Je dois te prévenir, sans faire partie des fangirls de la première heure qui s’épuisent à planter la tente devant le ciné la veille de la sortie de son dernier film, je trouve, mais ce n’est qu’un avis personnel, qu’il reste encore un peu d’espoir pour l’humanité quand on considère qu’une grande peuplade de gens dans ce monde est réceptif au génie créatif de Woody Allen. 

Ouais, ouais j’ai adoré Vicky Christina Barcelona et j’ai été à deux doigts d’oser la standing ovation pour Minuit à Paris. (Mais je te déconseille de perdre ton temps avec Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu, c’est une daube).


Moi je trouve vachement cool et plutôt romantique le fait qu’un amerloc, un géant d’hollywood qui brasse des millions, puisse être sensible à l’atmosphère et aux charmes des grandes villes du vieux continent au point de choisir de s’atteler à pondre une série de films-déclaration d’amour aux capitales de notre chère Europe. 

Du coup voilà, après avoir fait le tour de Barcelone et de Paris, Woody Allen s’attaque à Rome.
Chouette ! Je connais Rome. J’y suis allée quand j’avais 13 ans avec ma classe de latin. Ok… ça date. Mais j’ai une très bonne mémoire photographique. 

La première demi heure d’un Woody Allen en général tu te fais chier comme un rat mort. C’est qui tous ces persos, pourquoi ils sont là, leur vie elle est nulle, à quel moment il va y avoir un fil conducteur entre tout ça ? Patience. Attends un peu que l’intrigue se lance, et ça va devenir cool. (Sauf dans Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu. Tu attends, et ça vient jamais.)

Dans To Rome with love, le film s’ouvre avec un agent de police qui te promet monts et merveilles, il connait si bien Rome et toute la journée il voit tous ces gens. Alors oui, ça c’est sur, il va bien te la présenter, la Rome. Ben, non. Perdu. L’histoire se trame autour de la touriste américaine qui rencontre un bel italien, du jeune architecte qui doit se farcir la présence de la pote de sa copine, du M. moyen qui se fait taper dessus toute la journée à la Walter Mitty, et du jeune couple de provinciaux qui débarque s’installer dans la capitale. 

Pas très folichon tout ça. Et pourtant…  Dans Rome with love les respectables tombent dans le vice, les raisonnables cèdent à leur pulsions, les réparties sont cinglantes, les situations encombrantes, les virages à droite ou à gauche inattendus, la psychologie des persos très subtile et Roberto Benigni fait beaucoup rire. 

Ce qui surprend, à mes yeux, dans ce Woody Allen comme dans un autre, c’est toujours un peu le choix du casting. Des têtes très connues à côté de têtes inconnues, des acteurs qui tombent un peu comme un cheveu sur la soupe (Alec Baldwin ??) et même le choix pour Woody de se mettre en scène en tant qu’acteur.
Et oui, Woody se plonge dans un rôle miroir de sa propre personne, incarnant un homme presque à la retraite marié à une psy pour noyer ses névroses, incapable de se défaire de ses années créatrices en tant que metteur en scène, quitte à faire chier tout le monde et à bousculer les mentalités. (BIG UP pour les scènes d’opéra PAR-FAITES avec le mec des pompes funèbres à la voix de ténor incapable de chanter ailleurs que sous sa douche).

Ellen Page (bah, qu’est-ce qu’elle fait là ?!) dont la prestation marche en binôme avec celle d’Alec Baldwin, ne manque pas de savoir-faire dans son personnage colombe et juvénile aussi redoutable pour les hommes que les débords de la femme fatale. Baldwin, dans sa figuration WTF de la voix de la raison se montre étrangement vulgaire là où il aurait pu se la jouer sage et paternel.

Jesse Eisenberg , qui semble abonné aux rôles de ptit jeune de la loose qui manque de confiance en lui, s’en tire bien dans un rôle similaire une fois de plus.

Penelope Cruz, dans son rôle de poufiasse sait si bien manier sa présence à l’écran qu’elle parvient miraculeusement à ne pas déborder de son second rôle, chapeau bas.

Mais, mais, mais… Mension spéciale faite à Roberto Benigni ! Son jeu d’acteur incroyable, en équilibre entre le charisme, l’homme touchant et le teubé fait de lui l’acteur le plus grandiloquent du cinéma moderne, l’ambassadeur à lui tout seul de l’Italie, que chaque personne normalement constituée ne peut que saluer.

Evidemment le personnage principal de ce casting reste Rome et cool, j’ai vraiment une bonne mémoire photographique. La fontaine de Trévi, le Capitole, la piazza di Spagna, et toutes ses petites rues si caractéristiques. La vue sur le forum antique, La villa Borghese et la.  Mais sans les touristes hein, et sans les vendeurs à la sauvette à la recherche du touriste. Woody Allen aurait vidé Rome à sa convenance le temps d’un tournage ? Ce serait ça, le pouvoir des gens d’hollywood ? Non parce que si oui, je m’y mets tout de suite.

Aller, viens. Accepte l’invitation. Remémoire-toi les vacances d’été en Italie ou prépares-toi y pour l’année prochaine. Parce que Rome c’est tellement … Tellement la coolitude. Un voyage à vivre absolument une fois dans ta vie. Mais en attendant, tu peux toujours t’imprégner de l’ambiance construite de Woody, elle est parfaitement fidèle aux réalités de la ville.   

Bref, je ne saurais que te conseiller ce film, même si tu kiffes pas Woody Allen, ne serait-ce que pour te donner envie de réserver ton billet pour l’Italie, de rire à gorge déployée pour quelques scènes, de réfléchir un peu sur les méandres de l’esprit humain, mais surtout, surtout, pour la sagesse très décalée de ce dicton :

« Je vous l’avais dit monsieur. Oui, parfois la vie peut être très cruelle et ne donne aucune satisfaction, qu’on soit riche et célèbre ou misérable et inconnu. Mais s’il faut choisir absolument entre les deux, être riche et célèbre c’est le mieux. Au revoir, monsieur. »

Moi…  j’adhère !

Ma note : 2,9/5

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