samedi 8 février 2014

Quand Jane Campion pète un câble, on lui remet la palme d’or et 3 oscars. Narmol.









Aujourd'hui je m'en vais te parler gaiement de La leçon de piano, petit film raz de marée des années 90 très apprécié de la critique et du grand public, mais pas de moi.

A priori pourtant, tous les ingrédients étaient réunis pour de la tuerie cinématographique. Jane avait choisi de positionner son film au beau milieu du 19ème siècle. Bon choix, Jane. J’adore cette époque de lacets, de rubans, de robes et de chapeaux. Dans le mile au beau milieu de cette élégance sombre et victorienne, tu places une jeune veuve écossaise (ça part vraiment bien) avec sa fille en route pour la Nouvelle Zélande, au beau milieu des arbres et de la boue, parfait pour les bottines en cuir et les grandes robes en dentelle.

La terre des maoris plutôt récemment colonisée, on cherche à peupler les lieux à forte dose d’ethnicides (un peu comme ce qui se fait au Tibet actuellement) et les vieux mecs qui ont gagné leur life à la sueur de leur front chez les kiwis se doivent de se marier proprement, pas avec une autochtone donc, et comme leur sort ne séduit pas trop la haute société londonienne, il ne leur reste plus qu’à se contenter des meufs chelous à épouser.  

Dans le cas présent, celle qui arrive par bateau est genre plutôt muette en fait, parfait pour la communication. 

Stewart le bourru gentleman voit donc débarquer sa future femme avec ses valises et un piano. Merde alors, elle a pas trop compris la notion de jungle. Et elle a pas idée de la merde dans laquelle elle a accepté de se fourrer, au passage.

Parce que son futur mari ordonne que le piano soit laissé sur le rivage. Or, pour Ada, que la vie a accablé du châtiment du silence, le piano, c’est sa seule manière d’exister vraiment, sa seule manière de s’exprimer. Alors non non, elle ne se laissera pas faire. Elle fera chier le monde jusqu’à plus soif pour récupérer son piano. 

Un des sous-fifres de son mari, un brave gars en manque de sexe, comprend vite les subtilités de la situation et décide d’en tirer parti. Il se récupère le piano, pour lui tout seul. Et comme Ada est bouleversée par ce vol, il lui propose un marché. Vends-moi ton corps avec des leçons de piano. Récupère-le, touche par touche. 

3 oscars les gars. La palme d’or et des golden globes. Non, mais ALLO quoi ?!!!
Une pauvre meuf tente tant bien que mal de se défendre face aux brimades que Jane Campion a placé dans son existence. Elle jongle entre deux tarrés. L’un, plus rustre et macho tu meurs, qui la considère comme un personnage mineur faire valoir de sa virilité dans son mariage, et l’autre, un deuxième tyran qui la viole grâce à un chantage pervers auquel elle est obligée de céder.

Et vous osez appeler ça une histoire d’amour ? Ok non, c’est pas possible là. Ada se contente de ce qu’elle a. La peste ou le choléra. Elle se force. Elle apprend à aimer après s’être forcée. C’est magique un peu, comme histoire d’amour.

Mais tout ça c’est encore acceptable jusqu’à ce que Jane Campion pète un câble.

SPOILERS.

Spoiler:
{Il lui coupe un doigt. Il lui coupe un doigt. Je répète : IL LUI COUPE UN DOIGT. Avec une hache. Sous les yeux de sa fille. Parce qu’elle n’a pas fait ce qu’il voulait. Alors déjà, IL LUI COUPE UN DOIGT. En plus, IL COUPE UN DOIGT A UNE MUETTE. Et pour finir IL COUPE UN DOIGT A UNE MUETTE QUI AVAIT BESOIN DE SES DOIGTS POUR JOUER DU PIANO PARCE QUIL LUI RESTAIT PLUS QUE CA.}

PARFAIT. MAGIQUE.

Alors moi je me demande personnellement quel est le vrai problème dans la vie de Jane Campion. Non parce que pour pondre des films comme ça, il faut quand même être sacrément perturbée. 

Tu te rappelles de Sam Neill, le gentil dans Jurassirc Parc qui voulait sauver tout le monde ?. Regarde la leçon de piano. Tu le verras plus jamais de la même façon. 

Bien sûr Holly Hunter mérite tous les prix qu’elle a raflé en France et à l’étranger pour sa prestation impressionnante dans ce film. Mais non, ça ne suffit pas.

Ok, visuellement, c’est très beau. Beaucoup de qualité et de poésie Jane, dans tes plans vidéos, mais non. 

Non, non, c’est pas possible. Oscarisée, en plus. Non, non.  

Pourtant, pour tout le monde à part moi, ça a l’air de passer très bien. Je comprends pas. Expliquez-moi.




Dans une veine un peu similaire, Jane a réalisé Bright Star en 2009. Même époque, même fille brune, même esthétique de l’image.

En fait Bright Star c’est un peu la même chose en plus doux. Genre 15 ans plus tard, Jane Campion s’est calmée, plus besoin de torturer son personnage physiquement. Psychologiquement, ça suffira. Frustrons-la, plutôt. Jusqu’à la faire devenir folle. Faisons-la toucher du doigt le bonheur pour lequel elle se tordait depuis plus d’une heure et demie et puis… non. Non, non c’est bon, on lui retire.

A noter : toujours une petite fille très présente dans les ambiances de Jane Campion. Innocente et volubile, elle accable le spectateur de ses enfantillages exubérants et donne franchement envie de la tarter. Je sais pas si c’est une projection personnelle, mais si c’est le cas Jane, tu as tellement du te faire cogner pour abus de nerfs que je comprends mieux tes troubles actuels.

Je me trouvais névrosée jusqu’à ce que je vois La leçon de piano. Mais en fait non, je suis plutôt équilibrée et c’est toi qui a un problème Jane. 

Je trouve effroyable cette manière de jongler entre la mièvrerie, la cruauté, et la délectation à s’en complaire. 

Je ne comprends pas le plaisir que tu prends à systématiquement salir l’innocence dans tes films, à tordre l’horizon plein d’espoir de tes personnages, à leur maximiser le poids de la culpabilité. A fabriquer des drames dont il est impossible de se relever.

Tu veux en venir où, Jane ? 

La vie c’est nul et on est tous nés pour souffrir ?
Genre regarde, regarde, tout est beau, je me remonte les manches, je m’active et je suis pleine d’espoir. Je n’ai juste pas remarqué que l’épée de Damoclès que j’avais sur la tête depuis ma naissance est en train de s’alourdir et que j’ignore tout du fait que je vais bientôt me faire accabler, torturer, et teinter de noir opaque l’horizon de mon existence. Quand je le découvre, c’est trop tard. Je suis morte à l’intérieur et c’est irréversible. Parce qu’au fond, c’est ça grandir, c’est ça le sens de la vie : se voir lentement s’éteindre sous le poids des assauts de la vie.

Merci, Jane. Non, vraiment. Merci beaucoup pour tes observations, tes conclusions, et ton message d’espoir. 

Prends ta figurine oscarisée, fais toi couler un lingot et paye toi des séances de psy.

Ou bien, tu peux aussi de te marier séance tenante avec Jason Reitman. Vous iriez bien ensemble. Deux sadiques qui prennent plaisir à affliger la totale à leurs personnages. Même si chez Jason la cruauté, c’est plus subtil et redoutable, comme le plus tranchant des  points finals. 

Prends-en de la graine, Jane.
Tu m’as fait froid dans le dos avec ta leçon de piano. 

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