Dans le petit monde merveilleux des cinéphiles se trame
depuis plus de trente ans une inépuisable joute entre deux clans belliqueux :
les anti-Woody Allen et les pro-Woody Allen.
Je dois te prévenir, sans faire partie des fangirls de la
première heure qui s’épuisent à planter la tente devant le ciné la veille de la
sortie de son dernier film, je trouve, mais ce n’est qu’un avis personnel, qu’il
reste encore un peu d’espoir pour l’humanité quand on considère qu’une grande
peuplade de gens dans ce monde est réceptif au génie créatif de Woody Allen.
Ouais, ouais j’ai adoré Vicky Christina Barcelona et j’ai
été à deux doigts d’oser la standing ovation pour Minuit à Paris. (Mais je te
déconseille de perdre ton temps avec Vous allez rencontrer un bel et sombre
inconnu, c’est une daube).
Moi je trouve vachement cool et plutôt romantique le fait qu’un
amerloc, un géant d’hollywood qui brasse des millions, puisse être sensible à l’atmosphère
et aux charmes des grandes villes du vieux continent au point de choisir de s’atteler
à pondre une série de films-déclaration d’amour aux capitales de notre chère
Europe.
Du coup voilà, après avoir fait le tour de Barcelone et de
Paris, Woody Allen s’attaque à Rome.
Chouette ! Je connais Rome. J’y suis allée quand j’avais
13 ans avec ma classe de latin. Ok… ça date. Mais j’ai une très bonne mémoire
photographique.
La première demi heure d’un Woody Allen en général tu te
fais chier comme un rat mort. C’est qui tous ces persos, pourquoi ils sont là,
leur vie elle est nulle, à quel moment il va y avoir un fil conducteur entre
tout ça ? Patience. Attends un peu que l’intrigue se lance, et ça va devenir
cool. (Sauf dans Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu. Tu attends, et
ça vient jamais.)
Dans To Rome with love, le film s’ouvre avec un agent de
police qui te promet monts et merveilles, il connait si bien Rome et toute la journée
il voit tous ces gens. Alors oui, ça c’est sur, il va bien te la présenter, la
Rome. Ben, non. Perdu. L’histoire se trame autour de la touriste américaine qui
rencontre un bel italien, du jeune architecte qui doit se farcir la présence de
la pote de sa copine, du M. moyen qui se fait taper dessus toute la journée à
la Walter Mitty, et du jeune couple de provinciaux qui débarque s’installer
dans la capitale.
Pas très folichon tout ça. Et pourtant… Dans Rome with love les respectables tombent
dans le vice, les raisonnables cèdent à leur pulsions, les réparties sont
cinglantes, les situations encombrantes, les virages à droite ou à gauche
inattendus, la psychologie des persos très subtile et Roberto Benigni fait
beaucoup rire.
Ce qui surprend, à mes yeux, dans ce Woody Allen comme dans
un autre, c’est toujours un peu le choix du casting. Des têtes très connues à
côté de têtes inconnues, des acteurs qui tombent un peu comme un cheveu sur la
soupe (Alec Baldwin ??) et même le choix pour Woody de se mettre en scène
en tant qu’acteur.
Et oui, Woody se plonge dans un rôle miroir de sa propre
personne, incarnant un homme presque à la retraite marié à une psy pour noyer
ses névroses, incapable de se défaire de ses années créatrices en tant que
metteur en scène, quitte à faire chier tout le monde et à bousculer les
mentalités. (BIG UP pour les scènes d’opéra PAR-FAITES avec le mec des pompes
funèbres à la voix de ténor incapable de chanter ailleurs que sous sa douche).
Ellen Page (bah, qu’est-ce qu’elle fait là ?!) dont la
prestation marche en binôme avec celle d’Alec Baldwin, ne manque pas de savoir-faire
dans son personnage colombe et juvénile aussi redoutable pour les hommes que
les débords de la femme fatale. Baldwin, dans sa figuration WTF de la voix de
la raison se montre étrangement vulgaire là où il aurait pu se la jouer sage et
paternel.
Jesse Eisenberg , qui semble abonné aux rôles de ptit jeune
de la loose qui manque de confiance en lui, s’en tire bien dans un rôle
similaire une fois de plus.
Penelope Cruz, dans son rôle de poufiasse sait si bien
manier sa présence à l’écran qu’elle parvient miraculeusement à ne pas déborder
de son second rôle, chapeau bas.
Mais, mais, mais… Mension spéciale faite à Roberto Benigni !
Son jeu d’acteur incroyable, en équilibre entre le charisme, l’homme touchant et
le teubé fait de lui l’acteur le plus grandiloquent du cinéma moderne, l’ambassadeur
à lui tout seul de l’Italie, que chaque personne normalement constituée ne peut
que saluer.
Evidemment le personnage principal de ce casting reste Rome
et cool, j’ai vraiment une bonne mémoire photographique. La fontaine de Trévi,
le Capitole, la piazza di Spagna, et toutes ses petites rues si
caractéristiques. La vue sur le forum antique, La villa Borghese et la. Mais sans les touristes hein, et sans les
vendeurs à la sauvette à la recherche du touriste. Woody Allen aurait vidé Rome
à sa convenance le temps d’un tournage ? Ce serait ça, le pouvoir des gens
d’hollywood ? Non parce que si oui, je m’y mets tout de suite.
Aller, viens. Accepte l’invitation. Remémoire-toi les
vacances d’été en Italie ou prépares-toi y pour l’année prochaine. Parce que
Rome c’est tellement … Tellement la coolitude. Un voyage à vivre absolument une
fois dans ta vie. Mais en attendant, tu peux toujours t’imprégner de l’ambiance
construite de Woody, elle est parfaitement fidèle aux réalités de la ville.
Bref, je ne saurais que te conseiller ce film, même si tu
kiffes pas Woody Allen, ne serait-ce que pour te donner envie de réserver ton
billet pour l’Italie, de rire à gorge déployée pour quelques scènes, de
réfléchir un peu sur les méandres de l’esprit humain, mais surtout, surtout,
pour la sagesse très décalée de ce dicton :
« Je vous l’avais dit monsieur. Oui, parfois la vie peut
être très cruelle et ne donne aucune satisfaction, qu’on soit riche et célèbre
ou misérable et inconnu. Mais s’il faut choisir absolument entre les deux, être
riche et célèbre c’est le mieux. Au revoir, monsieur. »
Moi… j’adhère !
Ma note : 2,9/5
Ma note : 2,9/5
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